UNE NOUVELLE JEUNESSE POUR LA COLCHICINE
Longtemps réservée au traitement de maladies inflammatoires chroniques comme la goutte, la colchicine vient de connaître un fantastique regain d’intérêt en étant reconnu par la FDA comme le premier médicament anti-inflammatoire capable de réduire la mortalité (-31%) des maladies cardiovasculaires majeures que sont l’infarctus du myocarde, le syndrome coronaire aigu et les accidents vasculaires cérébraux. Le dénominateur commun de toutes ces maladies est l’athérosclérose à l’origine de la constitution de plaques calcifiées au niveau des vaisseaux et ceci dans un contexte d’inflammation locale complexe jusqu’alors non totalement maîtrisé. En effet, même si les traitements anticholestérolémiants classiques (statines, antiPCS K9, etc) ayant des effets positifs bien documentés dans la morbi-mortalité des maladies cardiovasculaires d’origine athéromateuse, aucune étude expérimentale ou clinique menée avec des médicaments anti-inflammatoires (AINS, corticoïdes, etc) n’avait démontré à ce jour un quelconque effet additif ou potentialisateur. Or, c’est ce qui vient d’être démontré de manière probante avec la colchicine qui, administrée seule (0.5 mg/j) ou associée aux statines, s’est révélée capable de réduire significativement non seulement la survenue d’un infarctus du myocarde, d’un accident vasculaire cérébral, ou d’une récidive de syndrome coronaire aigu, mais aussi de réduire de 31% vs placebo [HR 0.69, p<0.001] la mortalité chez des malades atteints de maladies cardiovasculaires d’origine athéromateuse. L’étude la plus importante est celle publiée au New England Journal of Medicine * menée sur 5522 patients par ailleurs tous traités de manière optimale pour leur hypercholestérolémie. Dans le groupe « colchicine », tous les marqueurs de l’inflammation (h-CRP, etc) étaient réduits, démontrant bien ainsi que les propriétés anti-inflammatoires de la molécule étaient majoritairement à l’origine des effets observés. C’est sur l’ensemble de ces observations et de multiples autres études cliniques publiées dans les meilleurs journaux de la spécialité que la FDA a approuvé (20 juin 2023) la colchicine (spécialité Lodoco/AGEPHA Pharma) comme « le premier traitement anti-inflammatoire recommandé dans les maladies cardiovasculaires ». Bien évidemment les contre- indications classiques de ce déjà « vieux » médicament (insuffisances hépatique et rénale, interactions avec les inhibiteurs du CYP3A4, inhibiteurs de P-glycoprotéine, etc) doivent être respectées à la lettre car la « fenêtre thérapeutique » de la colchicine reste étroite.
En savoir plus ?
Nidorf SM, Fiolet ATL, Mosterd A, et al. Colchicine in patients with chronic coronary disease. N. Engl. J. Med. 2020; 383(19):1838-1847; DOI: 10.1056/NEJMoa2021372
Rédacteur/Contact : Alain BERDEAUX (aberdal@sfr.fr)
DECRYPTAGE DE L'INTERACTOME DES ESPECES REACTIVES PEROXYSOMALES ET DE LEURS VOIES DE SIGNALISATION
Au sein des cellules, les peroxysomes sont des organites qui hébergent un système complexe de production d’espèces réactives de l’oxygène. Ils ne contiennent ni matériel génétique ni ribosomes. Ces organites se composent d’une simple membrane contenant une matrice granulaire au sein de laquelle ont très récemment découverts de petites vésicules. Les peroxysomes participent à de nombreuses voies métaboliques liées au développement et aux réponses aux stress biotiques et abiotiques de l’environnement. Un article de synthèse paru récemment est centré sur les nombreuses fonctions métaboliques des peroxysomes dans les plantes et, selon les conditions environnementales, leur rôle dans la résistance aux parasites ou maladies.
D'après doi:10.1016/j.freeradbiomed.2023.01.014 RCS : reactive carbonyl species; RSS : reactive sulfide species RNS : reactive nitrogen species; ROS : reactive oxygen species HY5, PIF1, HSFs : target genes, heat shock factors ER : endoplasmic reticulum
Les peroxysomes des plantes contiennent au moins 200 protéines qui sont impliquées dans un large éventail de fonctions physiologiques, y compris le métabolisme primaire et secondaire. Cet article se concentre sur leurs rôles de signalisation, de détoxification des différentes familles d’espèces réactives, d’oxydation des acides gras, de synthèse des isoprénoïdes, de défense contre les parasites et d’attraction des pollinisateurs. Cet article met l’accent sur les interactions synergiques ou antagonistes entre les métabolismes des espèces réactives carbonyles et sulfures en lien avec les espèces réactives de l’oxygène et l’oxyde nitrique. Les différentes parties de l’article mettent en avant les réglages très fins des différents métabolismes en lien avec les réponses biologiques telles qu’une autophagie sélective, la pexophagie, destinée à éviter les désordres métaboliques. En dehors de réguler la production d’antibiotiques par des champignons (pénicilline, céphalosporine), chez l’Homme les peroxysomes pourraient contribuer à l’apparition de maladies dégénératives comme la sclérose en plaque.
En savoir plus ? Sandalio LM, Collado-Arenal AM, Romero-Puertas MC. Deciphering peroxisomal reactive species interactome and redox signalling networks. Free Radic Biol Med. 2023,197:58-70. doi: 10.1016/j.freeradbiomed.2023.01.014
Rédacteur/Contact : Frédéric BONTE (fredbo45@yahoo.com)
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