Hypertension artérielle (HTA) Un deuxième souffle

Trois questions au... professeur Joël Ménard


Hypertension artérielle (HTA) Un deuxième souffle. 

 

1. Pourquoi se mobiliser sur l’HTA en 2021 ?


Parce que l’on peut et l’on doit mieux la contrôler. L’hypertension artérielle (HTA) est la maladie chronique la plus fréquente en France et dans le monde. Les bénéfices de la baisse tensionnelle par des conseils hygiéno-diététiques, des médicaments ou des interventions radiologiques ou chirurgicales sont largement démontrés. Depuis 2000, les enquêtes de Santé publique France (ENNS et ESTEBAN), du Comité Français de Lutte contre l’HTA (FLAHS) et de la région lilloise (ELIZABET) montrent que les français ne connaissent pas leur niveau tensionnel et que le contrôle de l’HTA stagne aux alentours de 50 % depuis 2009. La maladie hypertensive était autrefois mortelle en quelques années. L’augmentation de l’espérance de vie en bonne santé sur plusieurs décennies grâce aux traitements contribue, avec les changements de normes, à une augmentation du nombre des personnes concernées par l’hypertension.


2. Comment la Société française d’hypertension artérielle s’est-elle mobilisée en 2017 ?

 


En analysant de manière collective et systématique les points forts et les points faibles. La multiplication de recommandations officielles, divergentes et trop longues, crée des confusions et la dynamique de recherche s’affaiblit en milieu universitaire et industriel. Alors que les travaux de génétique ouvrent de nouvelles pistes de pronostic et de cibles thérapeutiques, la recherche de nouveaux médicaments est devenue plus difficile et moins rentable par comparaison à celle, indispensable, sur les maladies qui n’ont aucun traitement. Les grands médicaments des années 1960-2000 sont tous génériqués et même l’amélioration des traitements disponibles par un large panel des combinaisons à doses fixes n’est pas d’actualité. Il faut d’urgence se remobiliser sur la prise en charge de l’hypertension artérielle et mettre en place des actions concertées plus novatrices.

À défaut, le recul peut être dangereux dans les décennies à venir. La SFHTA a esquissé une Stratégie nationale de Santé pour les maladies hypertensives, avec une soixantaine de propositions très concrètes pour lesquelles les responsabilités administratives et professionnelles concernées restent à répartir dans un suivi organisé.

 


3. Quelles sont les grandes lignes de cette stratégie ?


C’est une stratégie à long terme qui concerne les individus, les professions de santé et la société sur les vingt à trente prochaines années. Il est difficile d’en faire un résumé, mais on peut distinguer quelques axes forts :

• Structurer et réaliser périodiquement des enquêtes nationales et aussi régionales pour organiser les prises en charge au niveau territorial, dans les territoires d’outre-mer en particulier.

• Travailler sur les différentes méthodes de mesure de la pression artérielle (automesures, mesures répétées sans observateur, pressions ambulatoires ciblées), avec des matériels validés.

• Repenser la stratégie de dépistage et de suivi au plus près des patients dans chaque territoire, notamment avec la contribution des pharmaciens aux différentes étapes de la prise en charge.

• Poursuivre les études sur la prédiction du risque cardiovasculaire et rechercher des innovations de rupture.

• Traiter tôt à doses plus basses pour prévenir l’augmentation de pression systolique liée à l’âge au lieu de traiter tard à plus fortes doses dans l’espoir de mieux prévenir la composante vasculaire des troubles cognitifs associés à l’âge.

• Améliorer les formations universitaires et post-universitaires.

 


* Professeur émérite de santé publique, ancien Directeur général de la santé
1 FLAHS : French Ligue Against Hypertension Survey. 2 Société française d’hypertension artérielle