Cellules souches

Trois questions à Serge Braun


Cellules souches. Un potentiel en plein développement


1. Comment définit-on les cellules souches ?


Une cellule souche est une cellule indifférenciée, capable de prolifération, d’auto-renouvellement et de différenciation en d’autres types cellulaires plus spécialisés. Toutes les cellules souches ne possèdent pas le même potentiel prolifératif et de spécialisation. On peut les subdiviser en plusieurs catégories:

1. Les cellules souches totipotentes, issues des premières divisions de l’œuf fécondé, capables de donner naissance à tous les types de cellules de l’organisme et les seules à permettre le développement complet d’un individu. Au-delà du 4e jour de gestation, elles perdent ce potentiel totipotent et son appelées pluripotentes (car potentiellement capables de donner les 200 types cellulaires représentatifs de l’ensemble des tissus de l’organisme), propriétés qu’elles perdent après le 8e jour de gestation).

2. Les cellules souches multipotentes (cellules fœtales et adultes) capables de donner naissance à plusieurs types cellulaires (c’est le cas des cellules de sang de cordon ou des souches myéloïdes de la moelle osseuse à l’origine de l’ensemble des cellules sanguines).

3. Les cellules souches unipotentes, impliquées dans le renouvellement naturel de tissus, mais en mesure de ne fournir qu’un seul type cellulaire (foie, peau, muscle,...).

4. Les cellules souches induites à la pluripotence ou iPS (cellules obtenues artificiellement après transformation de cellules adultes).


2. Quelles sont les applications thérapeutiques actuelles ?


Les cellules souches sont explorées dans deux voies principales :

1. En tant qu’outils thérapeutiques. À ce jour, la plupart des essais cliniques de thérapie cellulaire s’appuient sur les cellules souches embryonnaires (25 essais cliniques pour favoriser la régénération d’organes tels que la rétine, le pancréas, le cœur ou le cerveau) dans le cas de maladies génétiques ou acquises. Plus récemment deux essais mettent en jeu des cellules iPS en ophtalmologie.

2. En tant que modèles de pathologies et de système de criblages pharmacologiques susceptibles de corriger des paramètres pathologiques reproduits en culture. Des essais cliniques découlant directement de ces travaux ont été initiés dans des maladies héréditaires.


3. Quels sont les principaux freins à ces développements ?

C’est une discipline naissante qui exige d’optimiser les conditions de sécurité, en particulier sur le long terme. Les essais utilisent majoritairement les cellules souches embryonnaires du fait de la plus grande maîtrise actuelle de la sécurité d’utilisation de ces cellules. Elles sont mieux caractérisées aujourd’hui que les cellules iPS dont les modifications apportées en vue de leur dé-différenciation doivent être précisément contrôlées sur la durée (au regard en particulier du risque oncogène). Ces médicaments biologiques font l’objet de contrôles qualité très complexes, notamment en matière de stabilité. Sur le plan éthique, la recherche et les développements cliniques des cellules souches embryonnaires sont particulièrement encadrés par la loi de bioéthique (révisée en 2013). Les projets soumis à l’Agence de la Biomédecine doivent répondre à plusieurs critères relatifs à leur pertinence, à l’éthique, à leur objectif en vue de promouvoir des progrès médicaux majeurs et à l’impossibilité d’utiliser un autre type de cellules pour les réaliser.


Source : Observatoire n° 43. 3 questions à Serge Braun. Décembre 2017