Séance académique

Question d'actualité

"Hommage à Jacques GLOWINSKI, pionnier de la Neuropharmacologie en France", par Michel HAMON

Exposés

"Critical Path Institute, quinze ans d'impact", par Joseph SCHEEREN

"Graphène multifonctionnel pour la vectorisation ciblée de médicaments", par Mattéo-Andréa LUCHERELLI

Communications

" Évaluation des risques chimiques et mélanges : aide à la décision en santé publique environnementale", par Nathalie BONVALLOT

"Soigner un homme avec le corps d'un autre. Une anthropologie de la pharmacopée issue du corps humain", par Philippe CHARLIER

"Contribution des officines à la gestion des demandes de premier recours non programmé : résultats de l'enquête réalisée en Ile-de-France avec l'ARS et l'URPS", par François SARKOZY

"Recherche de nouvelles thérapies contre les leishmanioses par ciblage de la cellule-hôte pour limiter l'apparition de chimiorésistance", par Philippe LOISEAU

"Thérapie cellulaire de l'arthrose : cellules stromales mésenchymateuses et micro-encapsulation", par Catherine LEVISAGE

 

Séance académique

Mercredi 10 février 2021 à 14 h 00

Ordre du jour


Activités administratives de l’Académie

ü Approbation du compte rendu de la séance du 2 décembre 2020

ü Informations du Président

ü Informations du Secrétaire Perpétuel

 

Travaux scientifiques & professionnels

Question d’actualité (10 min + 5 min (Q/R))

« Hommage à Jacques Glowinski, pionnier de la Neuropharmacologie en France »

 Michel Hamon, membre associé de l’Académie nationale de Pharmacie

 Diapositives présentées

 

 

 Exposés (20 min + 5 min (Q/R))

« Critical Path Institute, quinze ans d’impact »

Joseph Scheeren, Président and CEO, Critical Path Institute, membre étranger de l’Académie nationale de Pharmacie

Diapositives présentées

Critical Path Institute was founded 15 years ago in Tucson (Arizona) with the objective to create and qualify drug development tools which permit to speed up and reduce the costs of drug development. In the last 15 ears, C-Path has grown to an organization now of more than 120 employees. We will provide an overview of the word we are doing, the successes we have achieved, the stakholders involved and the impact we have on public health and the patients. We will touch upon our expansion plans in Europe and our plans for the future.

« Graphène multifonctionnel pour la vectorisation ciblée de médicaments »

Mattéo-Andréa Lucherelli, Postdoctoral researcher, IBMC, CNRS Strasbourg, Lauréat 2020 du Prix Sciences du médicament de l’Académie nationale de Pharmacie

Diapositives présentées

 

Video de la présentation


Le graphène, considéré comme l'une des formes allotropiques du carbone, avec un caractère aromatique et des propriétés physiques et chimiques uniques.  Au-delà de ses très intéressantes propriétés optique et électronique, grâce à la caractéristique unique de pénétrer la membrane cellulaire, ces effets biologiques ont été également étudiés, afin d'étendre l'utilisation de ce matériau en nanomédecine et bio-imagerie, notamment pour la vectorisation de médicaments. Sa haute surface spécifique permet d'absorber des médicaments et du matériel génétique via des interactions π-π ou hydrophobes, faisant du graphène une plateforme appropriée pour l'élaboration de nouveaux vecteurs thérapeutiques. Objectif de cette présentation, c'est le processus de développement d’un vecteur à base de graphène pour le ciblage de cellules cancérogènes et ses applications biomédicales. Dans ce contexte, une plateforme multifonctionnelle à base de graphène a été développée, portant des fonctionnalités aptes au ciblage de cellules cancérigènes, au suivi in vitro et in vivo et au relargage sélectif de doxorubicin comme agent anti cancérigène. Résultats prometteurs ont été obtenus par les études in vitro relativement à l'utilité du graphène comme vecteur de médicament.


Communications (10 min + 5 min (Q/R))

« Évaluation des risques chimiques et mélanges : aide à la décision en santé publique environnementale »

Nathalie Bonvallot, PharmD, PhD, HDR, Enseignante-chercheure à l'EHESP, Irset, Rennes, présentée par la 6ème section

Diapositives présentées

Vidéo de présentation 

Les modèles utilisés dans la démarche d’évaluation des risques chimiques ne prennent pas aujourd’hui en compte la réalité des expositions de la population, multiples et à faible dose. Mes recherches visent ainsi à développer de nouveaux modèles conceptuels adaptés à la question des mélanges. Dans ce cadre, identifier les mélanges les plus pertinents à prendre en compte est la première étape nécessaire. Comme il n’est pas possible de tester en toxicologie les expositions de la vie réelles tant il existe de combinaisons possibles, identifier les mélanges pertinents permet d’une part de prioriser les composés chimiques qu’il serait ensuite possible de tester ensemble et dans les bonnes proportions, et d’autre part de déployer les modèles d’évaluation des risques cumulés actuels. La question de l’identification des mélanges rejoint le concept de l’exposome chimique. Dans ce contexte, nous avons cherché à sélectionner les composés les plus pertinents en environnement intérieur. A partir de données représentatives du parc de logements français, nous avons développé un modèle conceptuel d’identification puis de regroupement des polluants en fonction des données toxicologies disponibles à différentes échelles du vivant pour pouvoir développer des facteurs de toxicité relative pour des composés structurellement différents mais ayant des effets communs. Nous avons pu ainsi identifier des phtalates et des PCB comme composés les plus contributeurs au risque, et donc pour lesquels les mesures de prévention restent nécessaires encore aujourd’hui. Nous avons également développé une approche combinant des analyses chimiques non ciblées et ciblées sur des échantillons urinaires de femmes enceintes bretonnes pour améliorer la détection de pesticides non analysés en routine. Identifier les mélanges de pesticides les plus prévalent dans une population est important pour étudier les associations avec les pathologies. Les analyses non ciblées permettent d’identifier de nombreuses molécules sans a priori, dont des métabolites non attendus. Ainsi cette approche combinée nous a permis d’identifier des mélanges de pesticides peu étudiés, incluant des fongicides et herbicies, ayant une prévalence élevée. Les perspectives sont d’utiliser les techniques omiques, telles que la transcipromique et la métabolomique, pour effectuer des regroupements pertinents pour l’évaluation des risques.

« Soigner un homme avec le corps d’un autre. Une anthropologie de la pharmacopée issue du corps humain »

Philippe Charlier, Direction, Département de la Recherche et de l’Enseignement, Musée du quai Branly, Laboratoire Anthropologie, Archéologie, Biologie (LAAB), Paris-Saclay, Fondation Anthropologie, Archéologie, Biologie (FAAB), Institut de France, présenté par la 5ème section

Diapositives présentées

 

Vidéo de présentation

Quand l’homme a-t-il acquis ce statut de matière médicale ? De quels fragments s’agit-il, et dans quel but et quel contexte sont-ils utilisés ?

On s’intéressera dans cette présentation à l’usage tantôt « académique », tantôt parallèle d’éléments du corps humain (chair, peau, cheveux, ossements, liquides biologiques, etc.). De l’usage du sang des gladiateurs par Galien à la poudre de mousse crânienne en cas d’épilepsie médiévale, de l’utilisation de la sueur de ces mêmes gladiateurs comme aphrodisiaque à ces fragments de momies égyptiennes servant à l’embaumement des coeurs de rois de France, de ces ossements humains du vaudou béninois ou haïtien jusqu’au Discours de la mumie d’Ambroise Paré (1582) fustigeant cet usage « sauvage et intolérable », on essaiera de porter un regard anthropologique sur ce qu’il convient d’appeler un véritable cannibalisme pharmaceutique.

On tentera de comprendre les fondements de ces croyances, la diffusion de ces usages et leur acceptation (ou pas) dans des contextes chrono-culturels très différents… dont certains encore bien actuels.

« Contribution des officines à la gestion des demandes de premier recours non programmé : résultats de l’enquête réalisée en Ile-de-France avec l’ARS et l’URPS »

François Sarkozy, AIHP, DEA, MBA, Président du FNSH Health & Care et de Tous pour la Santé, présenté par la 5ème section

Diapositives présentées

 

Vidéo de la présentation


L’Île-de-France est, comme de nombreuses régions françaises, confrontée à un problème de permanence des sonis avec une sous-densité médicale de plus en plus fréquente, un délai de prise de rendez-vous chez le médecin qui s’allonge et une fréquentation des urgences qui explose. Les officines franciliennes rapportent quant à elles, une augmentation des demandes de Soins Non Progrmmés (DNP).

Cette situation qui perdure a conduit l’URPS – en collaboration avec l’ARS – a souhaité dressé un état des lieux, une photographie de ces demandes et des réponses apportées par les équipes officinales de la région.

Cette étude réalisée entre fin 2019 et début 2020, a permis, à partir de l’analyse de 3 322 demandes renseignées par 195 officines, d’objectiver la contribution du pharmacien dans la gestion des DNP :

  • Plus de 99% des officines déclarent être confrontées à des DNP, qui concernent les différentes populations d’usagers, y compris senios et enfants ;
  • 10% des usagers à l’origine des DNP n’ont pas de médecin traitant et 20% ont eu des difficultés d’accès à un autre professionnel de santé, notamment à un médecin généraliste (15%) ;
  • les plaintes les plus fréquentes sont liées à la traumatologie (19%), la dermatologie (15%), la sphère ORL (14%) et la douleur (10%) ;
  • la prise en charge par l’équipe officinale, qui dépasse 10 minutes dans 24% des DNP, est centrée sur le conseil (65%), avec un recueil systématique d’informations (97%) et une délivrance de produits dans seulement 57% des demandes ;
  • confirmation du rôle d’orientation du pharmacien dans le système de santé : 61% des DNP à l’officine font l’objet d’un retour à domicile, 37% sont réorientées vers un professionnel de santé, le plus souvent habituel et 9% vers un service d’urgence ou de régulation.

L’implication du pharmracien en tant qu’acteur du 1er recours devrait dorénavant être intégrée et reconnue par les différentes parties prenantes de façon à optimiser et valoriser la contribution des officines.

« Recherche de nouvelles thérapies contre les leishmanioses par ciblage de la cellule-hôte pour limiter l’apparition de chimiorésistance »

Philippe Loiseau, Directeur de l’équipe « Chimiothérapie antiparasitaire », UMR 8076 CNRS BioCis, Faculté de Pharmacie Paris-Saclay, présenté par la 3ème section

Les leishmanioses constituent un complexe de parasitoses  tropicales et sub-tropicales provoquées par le protozoaire parasite Leishmania sp. et transmis par des insectes vecteurs, les phlébotomes. Les leishmanioses sont à l’origine de différentes expressions cliniques : cutanées, muco-cutanées et viscérales, ces dernières étant mortelles en l’absence de traitement. Les mouvements de populations et le dérèglement climatique accélèrent leur expansion. Actuellement, aucun vaccin n’est disponible chez l’homme et la chimiothérapie utilise des principes actifs toxiques car non spécifiques et qui sélectionnent des résistances, comme les antimoniés, l’amphotéricine B et la miltéfosine.

De nouvelles approches thérapeutiques sont donc nécessaires. Les leishmanies ont une localisation intracellulaire chez l’hôte mammifère et se développent au sein de vacuoles parasitophores. Puisqu’elles mobilisent le trafic vésiculaire de la cellule-hôte pour se développer, tout effecteur qui inhiberait la formation de la vacuole parasitophore empêcherait le développement du parasite.

A partir d’un criblage de composés ayant été pré-sélectionnés pour bloquer le transport rétrograde de certaines toxines, une étude basée sur des évaluations in vitro sur les formes amastigotes inramacrophagiques, sur les macrophages non infectés, puis in vivo sur le modèle de leishmaniose viscérale à Leishmania infantum chez la souris BALB/c, ainsi que sur une approche ADME, a permis de sélectionner un candidat-médicament ayant des propriétés physico-chimiques compatibles avec une administration orale ou intraveineuse.

Les études vont maintenant porter sur le mécanisme d’action de ce candidat médicament et son possible intérêt dans le traitement de la leishmaniose cutanée sur le modèle à Leishmania major chez la souris BALB/c.

Référence: Brevet européen EP 347 63 89, 1er Mai 2019.

Cette étude est supportée par le contrat ANR LeishmaStop, ANR-18-CE18-0016-02 (2019-2022), le LabEx LERMIT et le programme NRBC n°I11.5.

« Thérapie cellulaire de l’arthrose : cellules stromales mésenchymateuses et micro-encapsulation »

Catherine Levisage, PharmD,PhD, Directeur de Recherche Inserm, Directeur-Adjoint Inserm U1229,Médecine Régénératrice et Squelette (RMeS), Faculté de Chirurgie Dentaire, Nantes, présentée par la 2ème section

Diapositives présentées

 

 


L'arthrose (OA), maladie articulaire la plus répandue, est caractérisée par des altérations structurelles et fonctionnelles de tous les tissus des articulations. L’approche de thérapie cellulaire la plus prometteuse pour traiter l’OA repose sur les cellules stromales/souches mésenchymateuses (CSM) qui possèdent des propriétés tissu-protectrices et immunorégulatrices. Ces propriétés anti-arthrosiques reposent sur la capacité des CSM à libérer des facteurs trophiques (directement ou via la production de vésicules extracellulaires) tels que la prostaglandine PGE2 et l'indoleamine 2,3-dioxygénase IDO qui régulent la réponse des macrophages ou encore le facteur HGF qui réduit l'hypertrophie et la dédifférenciation des chondrocytes. Ainsi, les CSM pourraient réduire la gravité clinique en diminuant l'inflammation articulaire et en protégeant le cartilage et l’os de la destruction. L’injection intra-articulaire (IA) de CSM dans des études précliniques et cliniques de phase I ou II a été décrite comme sûre et bien tolérée, avec une amélioration clinique significative des patients à court terme. Cependant, le risque de dispersion hors de l’espace articulaire et de mort cellulaire après injection dans une articulation arthrosique pourrait fortement limiter cet effet bénéfique à long terme. L'encapsulation des CSM dans un hydrogel cytoprotecteur apparaît comme une solution prometteuse pour augmenter leur temps de résidence dans l’articulation et pour leur fournir un microenvironnement 3D approprié favorisant leur activité biologique. Dans ce contexte, les objectifs de cette étude sont (i) de générer des microparticules à base d'alginate, compatibles avec une injection IA, en utilisant une technique de micro-moulage, (ii) d'évaluer la viabilité in vitro et la bioactivité de CSM humaines du tissu adipeux encapsulées dans ces microparticules, et (iii) d'évaluer l'efficacité anti-arthrosique des CSM microencapsulées dans un modèle d’arthrose post-traumatique chez le lapin.

 

Clôture par le Président, Gilles Aulagner

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