Séance académique du 8 novembre 2017

Compte rendu et diapositives présentées lors de la séance académique du 8 novembre 2017
"Drépanocytose" - Pr Marina CAVAZZANA
"Le troisième récepteur de l'histamine: de l'identification à l'application thérapeutique" - Pr Jean-Charles SCHWARTZ
"Téduglutide : un traitement dans la prise en charge des patients avec syndrome de grêle court" - Francisca JOLY
"Le Tolvaptan, premier traitement spécifique de la Polykystose Rénale Autosomique Dominante" - Adrien FLAHAUT
Séance académique
« Actualités thérapeutiques »
 Mercredi 8 novembre 2017

Conférence Hygia à 14 h 00

Voir compte rendu.

 


 

1-  Activités administratives de l’Académie

Le compte rendu de la séance du 4 octobre est approuvé.

 

  • Informations du Président

 - Claude Vigneron fait part de la séance bi-académique qui aura lieu mardi 14 novembre après-midi à l’Académie nationale de médecine sur le diabète et les nouvelles perspectives thérapeutiques.

 

  • Lecture de la correspondance et informations du Secrétaire Perpétuel

 - Déclaration de vacance d’un poste titulaire Ile-de-France, pour la 3ème section.

- Remerciements reçus de :

  • Christine Hache, élue membre titulaire de la 4ème section
  • Agnès Brouard, élue membre titulaire de la 5ème section
  • Frédéric de Blay, élu membre titulaire de la 6ème section
  • Jean-Ulrich Mullot, élu membre titulaire de la 6ème section
  • De nos membres correspondants étrangers, élus le 4 octobre 2017.

- Le Secrétaire Perpétuel de l’Académie nationale de médecine, Daniel Couturier, nous informe de

  • l’adoption du communiqué sur « Tatouages, la diffusion de la pratique et la diversité des produits utilisés justifient de nouvelles précautions » ;
  • l’adoption du rapport sur les « Additions en milieu professionnel » présenté par notre Collègue, Jean-Pierre Goullé.

- Liliane Grangeot-Keros, Secrétaire Perpétuel Adjoint, informe de la tenue du séminaire sur « Causalité en Santé Publique » qui aura lieu aux Cordeliers. Inscription à faire.

 

2-  Travaux scientifiques & professionnels

2.1  Exposés (20 min)

« Drépanocytose »

Marina Cavazzana, Professeur des universités en hématologie, praticien hospitalier, chef du département de biothérapie de l'hôpital Necker-Enfant malades.

Marina Cavazzana est présentée par Alain Gouyette.

Résumé à venir, en attente de la publication des dernières données de recherche présentées en avant-première lors de la séance.

Questions-Réponses-Commentaires

Monique Adolphe (Q) : vous avez exprimé un certain pessimisme en début de conférence puis des exemples de réussites parfaites à la fin de votre présentation. N’y a-t-il pas une certaine contradiction ?

(R) : effectivement, s’agissant des cellules de l’embryon, les essais se feront de toute façon en raison de la mondialisation. Il y a une insuffisance de prise de conscience en France pour laquelle il conviendrait de légiférer très vite. La mobilisation n’est pas à la hauteur de la problématique éthique.

J’ai souhaité au cours de cette présentation vous donner une idée objective des difficultés auxquelles nous faisons face. À titre d’exemple, avoir à disposition un vecteur, est une condition nécessaire mais pas suffisante pour faire de la thérapie génique !

Dans la bêta-thalassémie, les malades sont constamment en hypoxie, même quand ils sont transfusés. Si nous transfusons une fois par mois, le taux d’hémoglobine atteint 10 g/L mais on ne corrige pas la moëlle osseuse. Il faut passer à une transfusion tous les 15 jours pour obtenir un taux d’hémoglobine de 14 g/L et pouvoir prélever les cellules souches ; dans ce cas, nous avons l’inconvénient de la surcharge en fer que nous devons ensuite traiter !

Alain Gouyette (Q) : compte tenu du nombre de personnes touchées par la bêta-thalassémie et la drépanocytose, vous appuyez-vous sur l’industrie pharmaceutique ? Et à quel coût ?

(R) : les phases 1 et 2 sont toujours très longues et nous sommes confrontés aux obstacles dont j’ai parlé. Effectivement les

coûts de laboratoires aux normes ‘GMP’ - tels que celui de Necker - sont très très élevés. Je suis partisane d’une automatisation, avec des machines programmables, avec un processus qui consisterait à rentrer d’un côté les cellules, de l’autre côté les vecteurs et à obtenir les cellules corrigées à la sortie. À défaut d’automatisation, la thérapie génique ne pourra pas être étendue aux patients qui en ont besoin. En dehors de ceci, je pense qu’il faut faire de la prévention, car étant donné les coûts, la thérapie ne sera pas accessible à tous. Nous travaillons sur ces deux voies avec Arnold Munich, à Necker, et cherchons à offrir un parcours de soins optimisé.

Claude Vigneron (Q) : quelle est la taille du gène, car dans l’hémophilie, il me semble que la taille est un obstacle ?

(R) : le gène a une taille de 6,5 Kb ; les lentivirus ont une taille entre 6,5 et 7,5 Kb. Dans l’hémophilie B, nous avons de bons résultats : nous sommes en phase 3 et dans l’hémophilie A, nous sommes en phase 1-2 avec de très bons résultats.


« Le troisième récepteur de l’histamine : de l’identification à l’application thérapeutique »

Jean-Charles Schwartz, Professeur émérite Université Paris Descartes et IUF, Membre de l’Académie des Sciences, Co-fondateur et Directeur Scientifique de Bioprojet

Diapositives présentées

Jean-Charles Schwartz est présenté par Alain Berdeaux.

Le récepteur H3 de l’histamine est probablement le dernier des récepteurs hepta-hélicaux à avoir été découvert en 1983 par une approche de pharmacologie traditionnelle, sans l’aide de la biologie moléculaire.

Autorécepteur il contrôle la libération d’histamine des neurones cérébraux, étant à peu près uniquement exprimé dans le cerveau et caractérisé par une forte activité constitutive.

Le Wakix® (pitolisant) est le fruit d’une collaboration académique, entre chimistes berlinois (W. Schunack) et britanniques (R. Ganellin) et biologistes parisiens de l’Inserm/Faculté de Pharmacie, son développement comme médicament maintenant diffusé dans toute l’Europe ayant été assuré par Bioprojet (JM. Lecomte et JC. Schwartz).

Son effet éveillant et son pouvoir anti-cataplectic en fait un médicament de choix dans la narcolepsie et l’apnée du sommeil.

Questions-Réponses-Commentaires

L’heure avancée de la séance ne permet pas de laisser suffisamment de temps pour la discussion.

 

« Téduglutide : un traitement dans la prise en charge des patients avec syndrome de grêle court »

Francisca Joly, Service de Gastroentérologie, MICI et Assistance Nutritive. Hôpital Beaujon, AP-HP, Université Paris VII

Diapositives présentées

Francisca Joly est présentée par Jean-Claude Chaumeil.

Le syndrome de grêle court (SGC) est une maladie rare résultant d’une résection étendue de l’intestin grêle. Le SGC a pour conséquence une nette diminution de la surface d’absorption intestinale. Selon la sévérité de la malabsorption, il va en résulter une insuffisance intestinale chronique (IIC). L’IIC est définie comme la réduction de la fonction intestinale en deçà du minimum nécessaire à l’absorption des macronutriments et/ou de l’eau et des électrolytes, de telle façon qu’une supplémentation intraveineuse est nécessaire à maintenir l’état de santé et/ou de la croissance. Si des progrès considérables ont été réalisés au cours de trois dernières décennies en termes de prévention et traitement des complications inhérentes au support parentérale et au SGC, la nutrition parentérale (NP) est une source de complications potentiellement létales et d’une altération de la qualité de vie. En cas de SGC avec IIC et dépendance à la NP, un traitement par facteurs trophiques peut être proposé dans le but d’améliorer l’absorption intestinale du tube digestif restant et de diminuer la dépendance à la NP. Une étude de phase III a comparé l’utilisation du téduglutide (agoniste du GLP2) à la dose de 0,05 mg/kg/jour versus placebo chez 88 patients pendant 2 ans. Soixante-trois pour cent des patients sous analogue du GLP2 étaient répondeurs versus 30 % dans le groupe placebo (différence significative), la réponse étant définie comme une réduction hebdomadaire d’au moins 20 % du volume de la NP à la semaine 20 avec un maintien à la semaine 24 par rapport au volume de perfusion à l’initiation. Depuis octobre 2015, le téduglutide, est commercialisé en France. Un suivi prospectif de l’ensemble des patients sous traitement en France permet d’évaluer l’efficacité et la tolérance de ce traitement « en vie réel ». Ce traitement doit être initié par des centres « experts » avec une expertise dans le diagnostic, la prise en charge du SGC et qui ont la possibilité d’évaluer de manière objective le bénéfice clinique versus les inconvénients, les effets secondaires, les risques potentiels et le rapport coût/efficacité au long court.

 

Questions-Réponses-Commentaires

Jean-Claude Chaumeil (Q) : pouvez-vous nous dire si la composition qualitative des poches de nutrition parentérale a beaucoup évolué au cours du temps ?

(R) : oui, nous avons observé que l’amélioration de l’absorption se fait en premier sur la composante hydro-électrolytique et qu’il est préférable de réduire dans un premier temps les volumes ; nous diminuons l’apport calorique au sens large dans un second temps.

L’heure avancée de la séance ne permet pas l’ajout d’autres questions.


« Le Tolvaptan, premier traitement spécifique de la Polykystose Rénale Autosomique Dominante »

Adrien Flahault, Chercheur, Collège de France, Paris - Institut de Biologie

Diapositives présentées

Adrien Flahault est présenté par Alain Berdeaux.

La polykystose rénale autosomique dominante (PKRAD) est la maladie rénale héréditaire la plus fréquente, avec une prévalence estimée entre 1/500 et 1/1000 personnes en France. Il s’agit de la 4ème cause d’insuffisance rénale terminale chez l’adulte dans le monde. La PKRAD se manifeste par le développement et l’expansion de kystes rénaux formés à partir des cellules épithéliales tubulaires. La vasopressine (AVP), en agissant sur son récepteur V2R, entraîne une production d’AMPc par les cellules principales du canal collecteur et stimule la prolifération cellulaire kystique dans la PKRAD. L’utilisation d’antagonistes de V2R a montré son efficacité dans la réduction de la progression de la polykystose dans des modèles animaux comme le rat PCK et la souris PKD2. Le premier essai clinique de phase III a été mené pour tester l’efficacité du tolvaptan (Jinarc, laboratoire Otsuka Pharmaceuticals), un antagoniste du V2R, chez des patients porteurs d’une PKRAD, et a été publié en 2012 (Étude TEMPO, Torres et al, NEJM). Chez ces patients, la croissance du volume rénal a été ralentie, de même que la dégradation de la fonction rénale (plus modestement). Le tolvaptan a obtenu l’AMM pour ralentir la progression du développement des kystes et de l'insuffisance rénale dans la PKRAD en décembre 2015, et des recommandations quant à l’utilisation du tolvaptan ont été récemment formalisées. L’utilisation de ce produit est toutefois limitée par ses effets secondaires, en particulier un syndrome polyuro-polydispsique majeur et de rares cas de toxicité hépatiques, qui ont entraîné lors de l’étude clinique un arrêt du traitement pour effets secondaires dans 23 % des cas.

 

Questions-Réponses-Commentaires

L’heure avancée de la séance ne permet pas de laisser suffisamment de temps pour la discussion.

 

Séance restreinte

Palmarès Prix Scientifiques et Bourses

Henri-Philippe Husson, Responsable des Jurys des Prix Scientifiques et Professionnels et Bourses, nous présente le résultat de la sélection des candidats auxquels seront attribués les prix et les bourses lors de la séance solennelle du 20 décembre prochain.
60 dossiers ont été étudiés ; ils seront remis à 20 lauréats (8 hommes et 12 femmes), résidant pour moitié dans la région parisienne.

Claude Vigneron demande aux membres présents leur approbation sur la liste des candidats présentés et des prix attribués. La liste est approuvée à l’unanimité.

 

Le président Claude Vigneron clôt la séance à 17h35.