Cellules souches en thérapeutique

Compte rendu et diapositives présentées lors de la séance dédiée du 4 octobre 2017
Introduction - Serge Braun
« État de l’art sur les recherches et les essais cliniques de dérivés des cellules souches pluripotentes humaines » - Marc Peschanski
« Patient IPC derived disease models in drug development » - Pr. Ulf Nehrbass
« Contrôle qualité des produits basés sur les cellules souches embryonnaires et humaines » - Aurore Lacroix
« Aspects éthiques des applications des cellules souches » - Hervé Chneiweiss
Conclusions - Serge Braun

 

 

Séance académique dédiée

« Cellules souches en thérapeutique »

 

Mercredi 4 octobre 2017 à 14 h 00



1.        Ouverture de la séance par le Président, Claude Vigneron
2.        Activités administratives de l’Académie

Approbation du compte rendu de la séance académique du 20 septembre 2017

Le compte rendu de la séance académique du 20 septembre 2017 est approuvé.

Informations du Président

  • Le président Claude Vigneron fait part de la rencontre récente d’une délégation de l’AnP avec Denis Voisin, Conseiller auprès du Ministre de l’Environnement. Le Ministère de l’Environnement et l’AnP ont mis en évidence des thématiques de convergence, point de départ d’axes de travail : résidus de médicaments dans les eaux, qualité de l’air intérieur, allergies, impact sanitaire des modifications climatiques (ceux sur les écosystèmes sont déjà assez bien documentés).
  • Les rendez-vous avec Agnès Buzyn, Ministre de la Santé et Carine Wolf-Thal, Présidente du CNOP sont à venir.

Lecture de la correspondance et informations de la Secrétaire Perpétuel

  • Ouverture d’un poste de membre titulaire Ile-de-France pour la 1ère section.
  • Notre collègue, Michael Spedding, membre correspondant européen, nous signale le guide pharmacologique, en anglais, qui liste tous les récepteurs et ligands et le guide d’immunopharmacologie, également en anglais, pour les cibles en immunopharmacologie. Les liens internet sont disponibles au secrétariat.
  • La séance délocalisée de l’an prochain aura lieu à Lyon, les 23 et 24 mars 2018.
  • La séance solennelle d’ouverture de l’année académique 2018, aura lieu le 10 janvier à 14h30.
  • Ouvrage :
  • Notre collègue Michel Jaltel vient de publier « Retour aux sources pour mieux vieillir » aux Éditions Société des écrivains. 229 pages. ISBN 978-2-342-15433-7

Élections

Scrutateurs : Renée-Claire Mancret (5ème section), Isabelle Momas (6ème section) ; Philippe Chatron (3ème section), Françoise FAlhun (4ème section)

  • membre correspondant national de la 4ème section (114 votants, un bulletin nul)

Est élu Olivier Gross (113 voix)

  • correspondants européens ou à titre étranger

Sont élus

-     Peng Yu (États-Unis) - 113 voix

-     Marie-Josée Blanco-Pietro (Espagne) - 111 voix

-     Jakub Fichna (Pologne) - 111 voix

-     Paulus Mulder (Hollande) - 111 voix

-     Jikta Ulrichova (République Tchèque) - 111 voix

-     Yahia Cherrah (Maroc) - 112 voix

-     Catherine Bilong (Cameroun) - 112 voix

-     Monidarin Chou (Cambodge) - 111 voix

-     Kamel Daoud (Algérie) - 112 voix

-     James C. Robinson (États-Unis) - 111 voix

-     Ulrike Kreysa (Allemagne) - 111 voix

  • Membres titulaires Ile-de-France et non Ile-de-France des 4ème, 5ème et 6ème sections (91 signatures, 5 bulletins nuls)

4ème section

1ère ligne : Christine Hache (78 voix)

2ème ligne : Marie-Paule Serre (6 voix)

Est élue : Christine Hache

 

5ème section

1ère ligne : Agnès Brouard (79 voix)

2ème ligne : Yvonnick Bézie (6 voix)

Est élue : Agnès Brouard

 

6ème section

1ère ligne : Jean-Ulrich Mullot (79 voix)

2ème ligne : Sylvie Rabouan (7 voix)

Est élu : Jean-Ulrich Mullot

 

6ème section

1ère ligne : Frédéric de Blay (73 voix)

2ème ligne : Pierre Benoît (11 voix)

Est élu : Frédéric de Blay

  • Membres associés

Trois sièges ont été déclarés vacants pour 2018.

Le Conseil a validé les propositions des sections sur les candidatures de :

•    Michel Hamon

•    Claude Leclerc

•    Thierry Moreau-Defarges

 Les trois candidats, contactés par le Secrétariat, ont donné leur accord.

Le document de présentation des trois candidats a été adressé à tous les membres (voir annexe).



« Cellules souches en thérapeutique »


Introduction par Serge Braun (5 mn), membre de l’Académie nationale de Pharmacie

Diapositives présentées

Serge Braun remercie l’AnP d’avoir été invité à organiser une séance dédiée à la thématique des cellules souches. Il effectue un rappel historique de la thématique. Le début du 20ème siècle a vu les premières cultures de cellules animales ; en 1950, les premières lignées de cellules humaines (HeLa) ; en 1981, les premières cultures de cellules souches embryonnaires murines et en 1998, celles de cellules souches embryonnaires humaines. Un prix Nobel a été attribué en 2010 à Shynia Yamanaka pour ses travaux initiés en 2006 sur la capacité à dériver les cellules iPS (cellules induites pluripotentes) à partir de cellules murines et humaines adultes.

Les premières applications ont eu lieu dans les années 2010, que ce soit les essais cliniques sur cellules humaines (2009) et iPS humaines (2014), ou l’utilisation de cellules iPS pour le criblage pharmacologique dès 2010.

Quatre intervenants ont été invités à présenter les thématiques suivantes : les applications de l’utilisation des cellules souches - en thérapeutique et pour le criblage- ; les processus d’assurance qualité requis dans ce domaine ; les aspects éthiques.


Exposés

« État de l’art sur les recherches et les essais cliniques de dérivés des cellules souches pluripotentes humaines »

Pr. Marc Peschanski, Directeur Scientifique de l’Institut I-Stem, Institut des Cellules Souches pour le Traitement et l’Étude des maladies Monogéniques (I-Stem, INSERM/UEVE 861, CECS/AFM-Téléthon) Corbeil-Essonnes Évry

Diapositives présentées

La découverte réalisée en 1998 par l’équipe américaine de James A. Thomson des conditions dans lesquelles pouvaient être cultivées les cellules souches embryonnaires (ES) humaines, complétée au milieu des années 2000 par celle des techniques permettant d’induire la pluripotence dans des cellules adultes (iPS) par l’équipe japonaise de Shynia Yamanaka, a changé profondément les perspectives de la médecine régénératrice, en même temps qu’elle renouvelait radicalement les conditions de la recherche pharmacologique, notamment pour les maladies génétiques. L’importance de ces cellules tient à leur double singularité, leur capacité illimitée à produire à chaque cycle de prolifération deux cellules strictement semblables à la cellule-mère – autorisant virtuellement la production de n’importe quelle quantité de cellules humaines physiologiques – et la possibilité d’obtenir, à partir de ces cellules, n’importe lequel des phénotypes cellulaires de l’organisme humain grâce à l’activation de voies de signalisation propres à chaque lignage, selon des séquences reproduisant les programmes développementaux physiologiques. La maîtrise de ces deux propriétés a été, pendant une bonne décennie, l’objectif de la plupart des équipes engagées dans les recherches portant sur ces cellules. Dès la fin des années 2000, toutefois, un bon nombre de travaux se sont progressivement éloignés des questions les plus fondamentales pour s’orienter vers les domaines d’application.

Le premier de ces domaines, le plus connu, est celui de la médecine régénératrice, c’est-à-dire de la substitution de cellules saines transplantées à des cellules perdues par les patients du fait de lésions dégénératives ou accidentelles. Les indications pathologiques pour lesquelles des essais cliniques ont été ou vont prochainement être lancés sont très variées mais ont en commun d’avoir été choisies parce que l’on possédait déjà, en laboratoire, les protocoles nécessaires pour produire en grande quantité et à homogénéité les populations cellulaires d’intérêt. La plupart des essais cliniques réalisés depuis 2011 concernent l’implantation intra-rétinienne de cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien, y compris le seul démarré à ce jour avec des cellules iPS. Depuis deux ans, d’autres essais concernent le diabète et les traumas spinaux, et d’autres encore sont annoncés pour les années qui viennent sur des maladies neurodégénératives (Parkinson, Huntington) et des ulcères cutanés.

En parallèle, les cellules souches pluripotentes ont été mises à profit pour découvrir le potentiel thérapeutique de composés pharmacologiques ou tester leur toxicité. Ces recherches se sont appuyées sur un corpus très important de résultats obtenus grâce à l’étude de ces cellules sur les mécanismes physiologiques et physiopathologiques. La toxicologie prédictive s’appuie sur des cellules par ailleurs saines alors que la recherche thérapeutique repose sur des cellules porteuses de défauts génétiques (ES du diagnostic pré-implantatoire ou iPS). Les premiers essais cliniques découlant de l’identification sur ces modèles de composés au potentiel thérapeutique ont démarré, et le « pipeline » se remplit dès à présent très rapidement.

Questions-Réponses-Commentaires

Bernard Roques (Q) : peut-on fabriquer à partir des cellules souches des quantités d’os comme on le fait pour les cellules de peau ?

(R) : fabriquer des cellules osseuses est simple ; en revanche faire de l’os nécessite une intervention entre un support et des cellules et c’est cette étape -support/os- qui reste le facteur limitant.

Benoît Déprez (Q) : comment maitriser le risque de tumorisation lié à l’implantation de cellules issues de iPS ?

(R) : la fabrication de cellules fantôme pose des problèmes de sécurité ; il existe toujours un risque de créer une tumeur même bénigne.

Pour rendre une cellule fantôme vis à vis du système immunitaire, il faut modifier son expression à la membrane ; ceci ne veut pas dire qu’il faut supprimer l’expression des HLA et certainement pas en ce qui concerne le système inné. Sinon, il faut pouvoir le réaliser au travers de molécules immunotolérogènes, qui peuvent être exprimées alors que les HLA1 continuent d’être exprimées. Ceci constitue un vrai sujet actuel d’exploration par les laboratoires.


« Patient IPC derived disease models in drug development »

Pr. Ulf Nehrbass, Chief Executive Officer, Ksilink (Centre de recherche translationnelle franco-allemand), Strasbourg

Original

Ksilink is a new French German translational center spanning the integrated therapy development process from bed to bench and back to the bed. It focuses on connecting unmet patient needs with excellent clinical and academic research.

Ksilink employs target-agnostic visual discovery technologies to exploit morphometric characteristics of genetically validated, relevant cellular disease models based on induced pluripotent stem cells (iPSCs) directly derived from patients. Primary patient material lies at the foundation of a new era of disease models with exceptional functional significance and with a high predictive value. Their adaption into drug development accelerates the process and aims at increasing the probability of success, in particular in clinical Phase II. Ksilink is designed to be at the forefront of this new development. Three strategic axes based on patient-derived disease models give evidence of that: A neuro-degenerative axis is  looking at new approaches in Parkinson’s disease pathways, Duchenne Muscular Dystrophy is being advanced in collaboration with Anagenesis (an innovative french start up) and a third focus is on genetic diseases linked to cardiomyopathies.

In all these models Isogenic controls juxtapose healthy with diseased cells from the same patient. Ksilink’s expertise in deep learning computation can extract robust screening readouts from subtle, disease specific alterations in these isogenic models.  Based on these technological breakthroughs, Ksilink can start drug discovery directly in patient-derived Proof-of-Concept models.

 

Traduction en français

Ksilink est un nouveau centre franco-germanique de recherche translationnelle développant une stratégie de thérapie intégrée avec un cycle « du lit du malade au laboratoire puis retour au patient ». Il concentre son activité sur la mise en relation des besoins non satisfaits des patients avec une recherche clinique et scientifique de haut niveau

Ksilink utilise des technologies agnostiques de criblage haut débit et d’identification de cibles basées sur l’imagerie et l’analyse d’image. Ces technologies exploitent les caractéristiques morphométriques de modèles cellulaires pertinents de maladies humaines, validés d’un point de vue génétique, élaborés à partir de cellules souches pluripotentes induites (iPSCs), directement dérivées des patients. Ce matériau primaire provenant du patient est à la base d’une ère nouvelle de modèles de maladies avec une signification fonctionnelle exceptionnelle et une haute valeur prédictive. Leur application dans le développement de médicaments en accélère le processus et a pour objectif d’augmenter la probabilité de succès, en particulier dans les essais cliniques de phase II. Ksilink est conçu pour être à la pointe de ce développement nouveau. Trois axes stratégiques fondés sur des modèles de maladies dérivées de patients le démontrent : un axe neuro-dégénératif recherche de nouvelles approches dans la maladie de Parkinson, les données sur la dystrophie musculaire de Duchenne progressent en collaboration avec Anagenesis (une start up française innovante), le 3ème centre d’intérêt concerne les maladies génétiques liées à des cardiomyopathies.

Dans tous ces modèles, des contrôles isogéniques associent des cellules saines et des cellules malades du même patient. L’expertise de Ksilink en « deeplearning » (apprentissage) informatique permet de fournir des données de dépistage solides à partir d’altérations ténues, spécifiques de la maladie, dans ces modèles isogéniques. Sur la base de ces avancées technologiques, Ksilink peut s’approcher de la découverte de médicaments directement dans des modèles cellulaires pathologiques de preuve de concept.

Questions-Réponses-Commentaires

Serge Braun (C) : je me permets deux remarques :

  • nous voyons que le criblage à haut débit est de plus en plus sophistiqué,
  • il est intéressant de constater, s’agissant du cas particulier de la maladie de Parkinson, que pour modéliser certains aspects pathologiques de cette maladie acquise, on s’adresse à des malades atteints d’une forme rare, génétique de la maladie, mutée dans un gène impliqué dans l’accumulation de l’alpha-synucléine ; on reproduit alors un phénotype anormal que l’on peut ensuite évaluer pour du criblage HD.

Jean-Michel Guillon (Q) : s’agissant du screening phénotypique, comment déconvoluer jusqu’aux cellules et aux mécanismes biologiques cibles ?

(R) : l’identification de la cible (ou target deconvolution) est une partie importante du processus de compréhension des mécanismes d’action des composés et de leur optimisation. Les approches traditionnelles de “target deconvolution”, tels que la chromatographie d’affinité par exemple, sont largement découplées des conditions biologiques, ce que le criblage phénotypique cherche au contraire à approcher. Les méthodes de plus en plus sophistiquées et la rigueur mise sur les multiples contrôles positifs et négatifs qui accompagnent nos cribles permettent en partie de répondre à cette problématique. Et force est de constater que l’industrie recourt de plus en plus maintenant aux criblages phénotypiques.


 « Contrôle qualité des produits basés sur les cellules souches embryonnaires et humaines »

Aurore Lacroix, Responsable des Affaires Réglementaires et Assurance Qualité chez GENOSAFE

Diapositives présentées

Les produits thérapeutiques basés sur les cellules souches embryonnaires ou humaines sont réglementés selon que les cellules souches subissent ou non une modification substantielle. Une modification est considérée comme substantielle si les propriétés biologiques ou la fonction initiale du produit sont modifiées (la mise en culture cellulaire est considérée comme une modification substantielle).

Deux cas sont donc envisageables et ne répondent pas à la même réglementation :

 1/ Les cellules souches ne subissent pas de modification substantielle 

Elles dépendent donc de la réglementation régie par la Directive CE/2004/23 relative à l'établissement de normes de qualité et de sécurité pour le don, l'obtention, le contrôle, la transformation, la conservation, le stockage et la distribution des tissus et cellules humains plus communément appelée « pratique tissus/cellules ». 

Les tests réalisés sur ces produits sont référencés à l’Annexe II de la Directive et concernent plus précisément des analyses de laboratoire du type dépistage HIV, hépatites B, C, etc.

 2/ Les cellules souches subissent une modification substantielle

Elles sont alors considérées selon le règlement 1394/2007 et la Directive CE/2001/83 comme des médicaments de thérapie innovante (MTI). Les contrôles effectués sur les MTI sont réglementés selon des normes internationales ICH et des lignes directrices européennes (EMA) (et éventuellement par les guidelines et lignes directrices de l’agence américaine FDA). Les contrôles réalisés sur les « Master Cell Bank » de cellules différenciées sont soumis aux tests décrits dans le guideline ICH Q5D. Les tests à réaliser au cours des études précliniques, du développement et de la production de lot respectant les Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF), doivent respecter les guidelines ICH Q5 à Q10 et les lignes directrices approuvées par l’EMA, spécifiques des médicaments de thérapie innovante. Les contrôles qualités doivent a minima caractériser le médicament selon son identité, sa pureté et la mesure de son activité (activité plus communément appelée « potency »).

Contrairement aux médicaments conventionnels pour lesquels les tests sont en majorité décrits et référencés dans la Pharmacopée Européenne ou dans des lignes directrices, les contrôles à effectuer sur des MTI ne sont pas extensivement décrits et sont souvent développés à façon. Il est ainsi important de prendre contact avec les agences FDA ou EMA, le plus tôt possible dans le développement de son médicament.

Questions-Réponses-Commentaires

Serge Braun (C) :  nous voyons donc que ces préparations correspondent à des produits pharmaceutiques complexes, avec des spécificités lourdes et dont les contrôles doivent être à la mesure de cette complexité. Ces contrôles ne sont pas tous figés ; un travail permanent entre les Agences et les concepteurs de ces produits est nécessaire.

Yves Juillet (Q) : la liste des tests à réaliser pour constituer le dossier d’AMM est impressionnante. Ces contrôles sont-ils réellement exigés ? Ne sont-ils pas un frein à la mise sur le marché de ce type de produits ?

(R) : Ces tests sont décrits sur le site de l’EMA. Ils ne sont pas tous exigés dans leur globalité. Mais l’EMA est de plus en plus exigeante et met à profit l’expérience vécue avec les industriels pour développer et cadrer ces tests. Des produits de thérapie cellulaire ont déjà atteint le stade de l’AMM.

Jean-Luc Delmas (Q) : (1) quelle est la traduction du terme ‘Potency’ ? (2) Quelle est la position de l’ANSM pour le suivi de ces contrôles ?

(R1) : au sens large, ce mot renvoie à la notion d’efficacité. Dans la pratique, nous ne le traduisons pas !

Note de Serge Braun : peut-être pourrions-nous le traduire par ‘Potentiel thérapeutique’ ?

(R2) : dans la pratique, ces produits relèvent de la procédure centralisée et c’est donc l’EMA qui assure le suivi.

Daniel Vasmant (Q) : la société Genosafe est une CRO ; quels sont vos clients ?

(R) : nos clients sont des structures académiques et des grands groupes, majoritairement internationaux (de la Corée jusqu’aux USA) et peu en France.

Monique Adolphe (Q) : pourriez-vous donner le nom de produits commercialisés ?

(R) : je peux citer par exemple, ChondroCelect® qui a l’AMM.


« Aspects éthiques des applications des cellules souches »

Pr. Hervé Chneiweiss, Directeur de recherche au CNRS, directeur du laboratoire Neuroscience Paris Seine, Président du comité d’éthique de l’Inserm

Diapositives présentées

Les questions éthiques soulevées par les applications des cellules souches sont de natures très différentes selon le type de cellules souches. Pour les cellules souches somatiques adultes, utilisées depuis plus de 40 ans dans la greffe de moëlle par exemple pour les traitements des maladies hématologiques, les questions sont apparentées au don d’organe et à l’évaluation bénéfice/risque des thérapies cellulaires et géniques. Pour les cellules souches d’origine embryonnaire, des questions plus spécifiques concernant les conditions du don des embryons à la recherche se posent. Les versions successives des lois de bioéthique ont amélioré la situation de la recherche en France mais une grande insécurité juridique demeure face à des opposants très actifs. Enfin concernant les cellules souches adultes induites à la pluripotence on retrouve des questions d’évaluation de la balance bénéfice/risque, en particulier la stabilité du phénotype et s’y ajoutent des questions de propriété intellectuelles qui peuvent retarder voir entraver certaines recherches.

Questions-Réponses-Commentaires

Christiane Garbay (Q) : n’y a-t-il pas un risque de modification des espèces dans la mesure où vous modifiez les animaux avec des cellules humaines ?

(R) : ceci est possible mais il est également possible de l’empêcher. C’est un vrai sujet éthique. Ici, nous avons parlé de modèles thérapeutiques.


Conclusions par Serge Braun, membre de l’Académie nationale de Pharmacie

Serge Braun remercie les intervenants pour leur active participation à la richesse des informations délivrées au cours de cet après-midi.

La séance thématique dédiée aux cellules souches en thérapeutique a réuni quatre intervenants couvrant le champ des applications.

Marc Peschanski, Directeur scientifique d’I-Stem/CECS, le plus grand laboratoire en France consacré aux cellules souches embryonnaires et aux cellules induites à la pluripotence (cellules iPS) a dressé un état de l’art, des applications des cellules souches en tant qu’outils thérapeutiques. À ce jour, environ 25 essais cliniques de thérapie cellulaire s’appuient sur les cellules souches embryonnaires et deux essais mettent en jeu des cellules iPS. Ceci s’explique par une plus grande maîtrise actuellement de la sécurité d’utilisation des cellules souches embryonnaires, mieux caractérisées aujourd’hui que les cellules iPS dont les modifications apportées en vue de leur dé-différenciation doivent être précisément déterminées y-compris sur la durée.

Les essais cliniques actuels, portés par des équipes académiques, quelques biotechs et une grande société pharmaceutique, concernent en particulier des maladies de la rétine.

Marc Peschanski a également apporté quelques exemples d’utilisation des cellules souches embryonnaires et iPS pour modéliser des maladies génétiques et, de manière robotisée, passer en revue (cribler) des centaines de milliers de molécules pharmacologiques susceptibles de corriger les anomalies reproduites en culture. Deux applications ont été présentées, dans le cadre d’une maladie neuromusculaire, la dystrophie myotonique de Steinert et une maladie très rare du vieillissement prématuré, la progeria.

Ulf Nehrbass, Directeur général de Ksilink, un institut franco-allemand de recherche translationnelle et en partenariat avec la société Sanofi, a présenté les applications des cellules souches au criblage pharmacologique. Il a détaillé les prérequis en matière de critères biologiques de modélisation de pathologies et illustré comment il est possible de reproduire des mécanismes biologiques à l’œuvre dans telle ou telle maladie. La plateforme automatisée est utilisée par exemple pour la maladie de Parkinson utilisant un modèle de déficit génétique de la maladie et récapitulant les anomalies biologiques (phénotype) de la maladie ou dans le cadre de la régénération musculaire.

Aurore Lacroix responsable Affaires Réglementaires et Assurance Qualité de la société de services Genosafe a détaillé la complexité des contrôles qualité des produits biologiques et plus particulièrement ceux s’appliquant aux cellules souches embryonnaires ou iPS en matière notamment de stabilité, de potentiel thérapeutique et d’oncogénicité.

Hervé Chneiweiss, Président du Comité National d’Éthique de l’Inserm a rappelé les grands principes éthiques de l’expérimentation humaine et ceux attachés plus spécifiquement à l’utilisation de cellules humaines.

Il ressort de cette séance, un résumé du grand potentiel des cellules souches en thérapeutique humaine (utilisées directement ou en tant qu’outil de recherche de traitements pharmacologiques), qui arrive désormais au stade de la multiplication des essais cliniques dans le monde et même des toutes premières mises sur le marché. À la lumière des progrès (et peut-être aussi de potentielles déceptions inhérentes à cette science naissante, qui jalonnent l’histoire de toute nouvelle percée médicale), ces nouvelles technologies trouveront immanquablement leur place dans l’arsenal thérapeutique et nous amèneront certainement à réexaminer nos pratiques et nos conceptions éthiques.

Clôture de la séance par le Président, Claude Vigneron à 17 heures.

 

*       *

*

 

     Claude Vigneron                                                                              Agnès Artiges

                  Président                                                                                  Secrétaire Perpétuel


-----------------------------------------------------------------------------------------

Annexe

 

Séance dédiée

 Mercredi 4 octobre 2017

Élection de trois Membres Associés

 

Les propositions présentées par les 2ème, 3ème et 4ème sections ont été validées par le Conseil du 21 juin.

En application des dispositions du règlement intérieur adopté le 30 novembre 2016 (art. 20), l’acceptation des personnalités choisies a été immédiatement recueillie et confirmée par les intéressés.

L’élection et la proclamation des résultats aura donc lieu lors de la séance académique publique en parallèle à l’élection des membres titulaires, membres correspondants nationaux et membres correspondants européens et/ou étrangers.

 

Trois postes sont disponibles cette année, le Conseil propose les candidats suivants :

-       Hamon Michel

Michel Hamon, âgé de 70 ans est actuellement Professeur émérite à l’Université Pierre et Marie Curie, après avoir effectué la quasi-totalité de sa carrière à l’INSERM en terminant comme Directeur de Recherche de Classe Exceptionnelle.

Encore élève, de 1966 à 1970, à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, il intègre le laboratoire de Neuropharmacologie dirigé par le Professeur Jacques Glowinski au Collège de France. Après avoir réussi le concours d’agrégation de Physiologie-Biochimie, il soutient, en 1974, une thèse de Doctorat ès Sciences portant sur ce qui deviendra son thème majeur de recherche : La sérotonine. Ces recherches seront réalisées d’abord au Collège de France, puis dans l’unité de Neurobiologie Cellulaire et Fonctionnelle dont Michel Hamon a obtenu la création en 1985, avec des renouvellements en 1997 puis en 2005 avec des changements d’intitulé mettant plus nettement l’accent sur son orientation en Neuropsychopharmacologie.

Michel Hamon a marqué le domaine de la sérotonine : régulation de sa biosynthèse, rôle comme facteur neurotrophique au cours de la période précoce du développement, identification d’une pluralité de récepteurs avec leurs différentes localisations neuronales, conceptions de radioligands en collaboration avec le CEA, dont un ligand utilisables chez l’Homme en imagerie par émission de positon,  production et caractérisation d’anticorps polyclonaux spécifiques pour les différents récepteurs sérotoninergiques.  La maîtrise de ces différents outils a permis à Michel Hamon et son équipe d’établir l’adressage de ces récepteurs à différents niveaux, soma, dendrites, terminaisons, les voies de signalisation associées ainsi que les relations entre localisation cellulaire et rôles fonctionnels :

  • autorécepteurs somato-dendritiques pour les 5-HT1A régulant le niveau d’activité des voies sérotoninergiques, cependant que les 5-HT1B exprimés au niveau des terminaisons synaptiques sont la cibles d’antimigraineux comme les triptans, en contrôlant la libération de substance P et Calcitonine Related Peptide.
  • récepteurs 5-HT3A et 5-HT3B cible d’antiémétiques majeurs comme l’ondansetron, sont regroupés au niveau axonal. 
  • Après cette première grande étape, une nouvelle orientation a été permise par l’emploi de souris avec invalidation génétique de transporteurs de la sérotonine, de différents récepteurs. Cette approche a permis:
  • d’élucider une relation entre troubles de régulations d’activité des neurones sérotoninergiques, modifications portant sur l’axe hypothalamo-hypophysaire adrénocorticotrope, la neurogénèse hippocampique et les troubles de l’humeur avec leurs conséquences en terme de traitement de ces troubles.
  • d’expliquer  un effet pervers de ces antidépresseurs: le blocage des phases de sommeil paradoxal, conséquence de l’activation de récepteurs 5-HT1A et 5-HT1B. Or cette phase est déterminante pour les processus d’apprentissage et de mémorisation.
  • de proposer de nouvelles associations médicamenteuses pour le traitements de douleurs chroniques de type neuropathique.
  • d’étudier les mécanismes d’addictions , en particulier pour l’alcool, afin de mieux parvenir au sevrage.

Au-delà de ces recherches fondamentales en neuropsychopharmacologie, Michel Hamon a établi des collaborations avec des cliniciens : - en cardiologie, avec Serge Adnot, pour établir le rôle du transporteur de la sérotonine dans l’hypertension artérielle pulmonaire, - en psychiatrie avec entre autre Philippe Gorwood, avec l’identification de gènes en relation avec des troubles de l’humeur ou de risques d’addiction.

Cette intense activité de recherche a comporté la mise en jeu de collaborations nationales et internationales, en particulier par l’obtention de contrat de recherche européens. Michel Hamon a formé de nombreux chercheurs dont certains comme Bruno Giros, Salah El Mestikawi, Laurence Lanfumey, Joëlle Adrien, sont eux même devenus directeurs d’unités de recherche. Son expertise a été reconnue avec l’attribution de plusieurs prix internationaux tout comme son appartenance à de nombreuses sociétés savantes, nationales et internationales , et pour certaines, avec une place prééminente dans les structures de direction, par exemple : Présidence de la société française des Neurosciences, Fondation de recherche en Alcoologie, Association de Biologie Psychiatrique et neuropsychopharmacologie, European college of Neuropharmacology , International society for Neurochemistry.  Il est membre correspondant à l’Académie de Médecine depuis 2005. Il a été Président ou vice-président de conseil scientifiques à l’Institut Pasteur (1889-1992), à la commission scientifique Neurosciences de l’INSERM (1995-1998),

Sa liste de publication est impressionnante non seulement par le nombre, plus de 600 articles originaux et près de 250 revues, références, les titres de journaux : PNAS, Nature, mais encore plus par la cohérence et la qualité témoignée par l’indice H, 86, dont Michel Hamon est crédité. Parmi ces publications, on trouve des contributions de références essentielles sur la structure, distribution et fonctions des récepteurs pour le sérotonine, les opioïdes et la cholécystokinine publiées sous l’égide de « International Union of Pharmacology ».

En conclusion, la présence de Michel Hamon comme membre associé de l’Académie nationale de Pharmacie apporterait une compétence scientifique indiscutable en terme de neuropsychopharmacologie. De plus, il y a tout lieu de penser que comme Étienne Hirsch, autre membre associé, il participerait activement à la vie scientifique de notre compagnie en proposant des programmes de séances.

Proposition de rattachement : 2ème section

-       Leclerc Claude

Claude Leclerc, âgée de 66 ans, Docteur ès Sciences, est immunologiste, spécialiste de la régulation immunitaire et de vaccinologie. Elle a contribué au développement d'adjuvants de synthèse, de vaccins peptidiques et de plusieurs vecteurs vaccinaux. Elle propose de nouvelles stratégies vaccinales, basées sur la compréhension des mécanismes d’induction et de régulation des réponses immunitaires avec une place essentielle donnée aux cellules dendritiques. Aujourd’hui, ses travaux portent sur le développement de nouvelles stratégies de vaccination contre le cancer et sur la compréhension des relations entre la tumeur et le système immunitaire.

Depuis plus de 30 ans, elle exerce de nombreuses responsabilités scientifiques et administratives à l’Institut Pasteur :

  • Membre des jurys de qualification (1986-2000)
  • Membre de l’Assemblée (1987-2008)
  • Membre de la Commission de classement (1990-1998) puis Présidente (2003)
  • Chargée de mission auprès du Directeur général pour le développement de la recherche en vue d’applications (1997-2000)
  • Adjointe du Chef du Département d’Immunologie (1997-2000)
  • Directeur du Département de Virologie (2004)
  • Présidente du Comité Cancer (2003-2010)
  • Vice-présidente du Conseil scientifique (2005-2008)
  • Membre du Conseil scientifique du Weizmann (2008-2014)
  • Membre du Conseil d’Administration (2014-2016)

Ainsi que dans l’administration de la recherche en France :

  • Membre du Comité de Direction de l'Action Coordonnée 1 de l'ANRS (1991-1997) et de la Commission Spécialisée n° 2 de l'ANRS (1991-1995)
  • Membre de Commissions d'évaluation du CNRS, de l’INSERM, de l’INRA et de l’AERES (depuis 1993)
  • Membre du Conseil Scientifique du Département d'Ingénierie et d'études des Protéines du C.E.A. (1996-2005)
  • Membre du Comité BioTox (2004-2008)
  • Membre de la Direction Scientifique et Stratégique du Cancéropôle Ile-de-France (2004-2014) et Membre du Conseil d’Administration du Cancéropôle Ile-de-France (depuis 2004)
  • Présidente du Conseil Scientifique du Centre d’Investigation Clinique Cochin Pasteur (depuis 2006)
  • Membre du Conseil Scientifique de l’Institut (ITMO) du Cancer (depuis 2008)
  • Expert pour le Comité d’Orientation et de Suivi des Essais Cliniques (Cossec) INSERM (depuis 2010)
  • Membre du Comité Scientifique des Ateliers de l’INSERM et du Conseil Scientifique du CICBT Saint-Louis (depuis 2011)
  • Membre du Conseil Scientifique de PDC*line Pharma, du Conseil Scientifique de l’Institut Pasteur de Tunis et du « European Vaccine Initiative Board » (depuis 2014)
  • Membre de la Commission d’Expertise Nationale de la Ligue Contre le Cancer, (Immunologie et Hématopoïèse (depuis 2015)            
  • Membre du Conseil d’Administration de la Société Française d’Immunologie (depuis 2016)

Et organise de nombreuses manifestations scientifiques en Vaccinologie depuis 1995.

  • Auteur ou co-auteur de plus de 300 publications dans des revues internationales (Nature Medicine, Nature Genetics, Nature Review Immunology, Science translational Medicine, Immunity, Journal of Experimental Medicine, PNAS, Cancer Research, Blood, …), membre du Comité de rédaction ou du Comité scientifique de revues internationales (Vaccine, Immunology Letters, FEMBS Immunology and Medical Microbiology…), signataire de 26 brevets en tant qu’inventeur, l’un d’entre eux ayant conduit à la création de l’entreprise biopharmaceutique GENTICEL (Immunothérapies innovantes pour combattre les maladies infectieuses et le cancer) à Toulouse, elle a assuré la direction de plus de 30 thèses de doctorat.

Ses recherches ont permis le développement de trois vaccins, aujourd’hui commercialisés.

Proposition de rattachement : 3ème section

 

-       Moreau-Defarges Thierry

Âgé de 68 ans, Thierry Moreau-Defarges est un pharmacien industriel qui a dirigé pendant plus de 20 ans les opérations Marketing Ventes de nombreux laboratoires pharmaceutiques : Boehringer Ingelheim, Cassenne, Roussel Uclaf, Ciba Geigy, Roche, Fabre Division INAVA, puis a intégré Janssen-Cilag, comme Vice-Président Affaires Pharmaceutiques, Économiques et Professionnelles.

Très sensible aux problématiques de Santé Publique, il s’est porté volontaire en 2005 pour participer au conseil d’administration de l’association Tulipe, association qui fédère les dons des Entreprises de Santé pour répondre en urgence aux besoins des populations en détresse lors des crises sanitaires aigües, des catastrophes naturelles et des conflits. La même année, un rapport de l’IGAS a fait état de la revente de médicaments collectés dans les pharmacies d’officine, nécessitant la réorganisation de la récupération des Médicaments Non Utilisés (MNU). Thierry Moreau-Defarges s’est alors impliqué également dans l’association Cyclamed, association agréée par les pouvoirs publics, qui a pour mission de collecter et valoriser les MNU périmés ou non, rapportés par les clients dans les pharmacies. Cyclamed est un Éco-organisme performant, dont les résultats 2015, objectivés par une étude CSA en 2016, sont en constante augmentation (15 477 tonnes collectées dont 12 108 tonnes de médicaments, emballages déduits). Thierry Moreau-Defarges en est le Président depuis 2007. Le double objectif de la récupération des MNU par Cyclamed est

  • la préservation de l’environnement ;
  • la sécurité sanitaire domestique.

C’est une toute petite structure, animée et portée médiatiquement par Thierry Moreau-Defarges, qui agit bénévolement pour le développement et le dynamisme de l’association.

 Proposition de rattachement : 4ème section