Médicaments contrefaits/falsifiés

Trois questions à Evelyne Kohli et Mathieu Guerriaud*

Médicaments contrefaits/falsifiés : Le pharmacien en première ligne

1. Qu’est-ce qu’un médicament contrefait/falsifié ?

Les médicaments contrefaits/falsifiés représentent un problème majeur de santé publique dans toutes les régions du monde. Les termes « contrefaits » et « falsifiés » ne recouvrent pas les mêmes définitions. Un médicament contrefait porte atteinte à la marque ou au brevet d’un médicament original ; il s’agit d’une atteinte au droit de la propriété intellectuelle. De ce fait, les sanctions pouvant être appliquées sont similaires à celles concernant d’autres produits (produits de luxe par exemple) alors que les enjeux sont très différents. C’est pourquoi a été introduite plus récemment la notion de médicament falsifié : c’est un médicament comportant une fausse présentation de son identité, de son historique ou de sa source. Il ne s’agit plus d’une atteinte à la propriété intellectuelle, mais d’une atteinte au droit de la Santé publique. Dans tous les cas, la production et la vente de ces médicaments sont illégales et mettent gravement en danger la santé des patients car, soit ils ne comportent pas de substance active, soit trop peu, soit une substance active de mauvaise qualité ou une toute autre substance active que celle annoncée.

2. Ces médicaments représentent-ils un risque en France ?

Tous les pays sont touchés, avec des spécificités dépendant des réglementations en vigueur. La France dispose d’un circuit du médicament hyper-sécurisé, fondé sur un monopole pharmaceutique total qui s’étend de la fabrication à la dispensation au patient. Ce système empêche la pénétration de tels produits dans le circuit légal du médicament. A contrario, lors d’un achat de médicament sur Internet, en dehors des sites officiels de pharmacies autorisées1, le risque est très élevé (50 % selon l’OMS). Les médicaments concernés sont en premier lieu les médicaments dits « de confort ».

3. Quel est le rôle du pharmacien dans la lutte contre ces médicaments ?

En France, un pharmacien est obligatoirement présent à toutes les étapes du cycle de vie du médicament. Ses responsabilités pénales, civiles et déontologiques, ainsi que sa formation à l’éthique professionnelle, lui confèrent un rôle majeur, de la fabrication à la dispensation au patient. Lors de la fabrication puis de la distribution, un « pharmacien responsable » (personne légalement responsable dans les entreprises concernées) est garant des bonnes pratiques, de la qualité et de la traçabilité des lots produits. Dernier maillon de la chaîne, le pharmacien d’officine, qui assure la dispensation au patient, est en mesure de détecter un médicament suspect. Il transmet, à l’aide de messages clairs et pertinents, les recommandations utiles en cas d’achat de médicaments sur Internet ou lors de voyages dans des pays touchés par ce fléau.

Source : L'Observatoire n°45, juin 2018. Trois questions à Evelyne Kohli et Mathieu Guerriaud*

* UFR des Sciences de Santé - Dijon1

La liste des pharmacies autorisées à vendre des médicaments sur Internet est disponible sur le site de l’Ordre des pharmaciens.