Séance académique

Diapositives présentées et compte rendu

Actualités thérapeutique et conférence Hygia

Conférence Hygia
"Bioinspiration et recherche, un atout français", Kalina RASKIN

QUESTION D'ACTUALITÉ

"Staphylococcus epidermidis multirésistant, ennemi public n°1 ?", Yves BUISSON

EXPOSÉS

"Paris MEMOIRE VIVE : l'association du propranolol à l'exposition en imagination à l'évènement douloureux chez des patients souffrant d'État de Stress Post-Traumatique", Bruno MILLET

"Kétamine : un nouvel antidépresseur", Philippe FOSSATI

"Nouveaux médicaments pour la mucoviscidose", Isabelle FAJAC

OUVRAGE
"Le désastre des toxicomanies en France", écrit par Jean COSTENTIN et présenté par Jean-Pierre GOULLÉ

 

Séance académique
« Actualités thérapeutiques »
Mercredi 7 novembre 2018

Conférence Hygia à 14 h 00

« Bioinspiration et recherche, un atout français »
Kalina Raskin, Directrice Générale de CEEBIOS, France

Diapositives présentées

Vidéo brève

Le biomimétisme représente une opportunité inédite d’innovation responsable : s’inspirer du vivant et tirer parti des solutions et inventions qui y sont produites, éprouvées par 3,8 milliards d’années d’évolution. En prenant les systèmes biologiques comme modèle, il devient possible de réconcilier les activités industrielles et le développement économique avec la préservation de l’environnement, des ressources et de la biodiversité.

Cité en France dès 2007 comme l’outil de la prochaine révolution industrielle, le biomimétisme associe innovation et responsabilité sociétale puisqu’il repose sur l’étude des systèmes naturels, sélectionnés par 3,8 milliards d’années d’évolution, pour créer de nouveaux produits, services et modèles d’organisation durables.

Dans le secteur de l’énergie, le recours aux énergies propres (solaire notamment), la séquestration du dioxyde de carbone atmosphérique et la mise en œuvre de sources diversifiées et décentralisées correspondent bien aux stratégies adoptées par les systèmes vivants. De manière similaire, les principes de la chimie verte rejoignent les processus biologiques : utilisation majoritaire d’éléments atomiques abondants, conditions de température et de pression modérées (chimie douce), biodégradabilité et biocompatibilité, catalyse enzymatique … Les matériaux du vivant sont également remarquables par leur diversité, leurs propriétés multifonctionnelles et leur manufacture par auto-assemblage et autoréparation. Enfin, les systèmes biologiques favorisent une approche minimaliste et une gestion optimisée de l’information pour limiter les coûts énergétiques et la consommation de ressources, et augmenter l’adaptabilité et la résilience.

Les enjeux du déploiement du biomimétisme résident aujourd'hui dans le dépassement de cas particuliers, la construction de méthodologies génériques, l'appropriation plus large de cette approche par les entrepreneurs, industriels, collectivités publiques, mais aussi par les parties prenantes de la société civile (citoyens, consommateurs, etc.). Le Ceebios se propose de répondre à ces enjeux.

 


 

1- Activités administratives de l’Académie

Approbation du compte rendu de la séance du 3 octobre 2018 (document disponible sur le site de l’AnP)

Informations du Président

Lecture de la correspondance et informations du Secrétaire Perpétuel


2- Travaux scientifiques & professionnels

2.1 Question d’actualité

« Staphylococcus epidermidis multirésistant, ennemi numéro 1 ? »

Yves Buisson, membre titulaire de l’Académie nationale de médecine

Diapositives présentées

Vidéo brève

Du 3 au 5 septembre 2018, des manchettes alarmistes ont couvert la une des quotidiens : une bactérie tueuse, multirésistante mais indétectable, se propagerait dans les hôpitaux du monde entier ! Contre toute attente, il s’agit de Staphylococcus epidermidis (SE), un staphylocoque à coagulase négative, résident normal de la flore cutanée. Beaucoup moins virulent que Staphylococcus aureus, il peut être la cause d’infections opportunistes liées aux soins chez les patients immunodéprimés, porteurs de cathéters veineux ou de prothèses, mais de là à menacer la planète…

L’alarme est venue d’un article australien, publié au mois d’octobre dans la revue Nature Microbiology*. Ses auteurs rapportent une augmentation de la proportion des souches de SE résistantes à la rifampicine et à l’acide fusidique isolées dans le principal hôpital de Melbourne au cours des six dernières années (2007-2013). Ce sont des staphylocoques multi-résistants (MDRSE) car ils résistent aussi aux bêta-lactamines, aux macrolides, aux quinolones, aux aminoglycosides et aux sulfamides. Plus inquiétante est la perte de sensibilité aux antibiotiques de dernier recours, les glycopeptides (vancomycine, teicoplanine), observée pendant la même période. C’est une résistance hétérogène, non détectable à l’antibiogramme standard, mais mise en évidence par adaptation de la méthode E-test. Elle semble corrélée à une résistance à la rifampicine par double mutation du gène RpoB. Le typage par MultiLocus Sequence Typing (MLST) de 419 isolats de SE, provenant de 96 hôpitaux dans 24 pays, révèle que les souches MDRSE appartiennent toutes à deux séquences-type (ST2 et ST23) et se répartissent en trois clones qui ont diffusé en Australie, en Europe et aux USA. Elles peuvent susciter des infections sévères et incurables par les antibiotiques disponibles, y compris les nouvelles molécules de substitution telles que la daptomycine, la ceftaroline et le linézolide.

Au-delà du sensationnalisme des titres de presse rappelant ceux de "la bactérie mangeuse de chair" ou de "la super-bactérie résistante venue de New Delhi", l’étude australienne invite à reconsidérer la prise en charge des infections à SE en envisageant le risque potentiel d’une impasse thérapeutique. Elle ne doit pas effrayer le grand public, mais éveiller la vigilance des infectiologues. Ses résultats suggèrent que les doses subinhibitrices de rifampicine délivrées par les cathéters imprégnés pourraient sélectionner une flore de colonisation constituée de SE non seulement résistants à la rifampicine mais aussi résistants hétérogènes à la vancomycine. Ils incitent à revoir les protocoles de bithérapie vancomycine + rifampicine réservés aux infections graves à SE qui, au lieu de préserver l’efficacité de la rifampicine, pourraient favoriser l’émergence de souches résistantes à ces deux antibiotiques. Ils rendent nécessaire une surveillance internationale et continue reposant sur la détection systématique de la résistance à la rifampicine des isolats cliniques de SE, qui semble le marqueur de multirésistance le plus pertinent chez ce pathogène nosocomial.

 * Lee JYH et al. Global spread of three multidrug-resistant lineages of Staphylococcus epidermidis. Nat Microbiol, 2018 ; 3(10) : 1175-85.


2.2 Exposés (20 min)

« Paris MÉMOIRE VIVE : l’association du propranolol à l’exposition en imagination à l’évènement douloureux chez des patients souffrant d’État de Stress Post-Traumatique »

Bruno Millet, Professeur de Psychiatrie à l’Université Paris Sorbonne, Hôpital Pitié-Salpêtrière

Diapositives présentées

Vidéo brève

S’il existe des traitements efficaces pour les troubles psycho-traumatiques, ils ne sont pas tous efficients. Les psychothérapies, incluant les thérapies cognitivo-comportementales ou TCC (incluant l’EMDR - Eye movement desensitization and reprocessing-) exigent une formation longue et coûteuse. Selon une méta-analyse récente, les Thérapies Comportemantales et Cognitives requièrent 15,6 heures de traitement sur 6 à 14 semaines pour soigner l’ESPT et ont un taux de rechute considérable de 50 % à un an (Bradley et al. 2005). Les antidépresseurs ISRS tels que la paroxétine sont eux aussi efficaces (Ipser et Stein 2012) mais contre-indiqués dans certains pays chez les moins de 25 ans car ils peuvent augmenter, en début de traitement à posologie moyenne ou forte, l’impulsivité et le risque suicidaire. En outre, les ISRS induisent des syndromes de sevrage, et des effets secondaires tel que des nausées, une prise de poids et des difficultés sexuelles, ce qui amène bien des patients (de 25 % à 32 % selon les études) à les délaisser et réduit d’autant leur efficacité (Westenberg et Sandner 2006).

Le blocage de la reconsolidation mnésique (Besnard et caboche 2012) représente un traitements alternatif pour l’ESPT. La théorie de la reconsolidation postule qu’un souvenir remémoré redevient instable avant de se consolider à nouveau en mémoire à long terme, d’où le terme « reconsolidation » (Przybyslawski 1997, 1999). Cette recherche animale innovante, initiée en France, a montré que durant cette phase de plasticité transitoire, le souvenir peut être modulé, en particulier sa charge émotionnelle. Le béta-bloquant propranolol interfère avec la consolidation et la reconsolidation d’un souvenir émotionnel, ce qui a pour effet de rendre ce souvenir moins intense.

L’étude Paris mem, organisée à la suite des attentats de novembre 2015, évalue l’efficience (rapport coût-utilité) de la thérapeutique par blocage de la reconsolidation mnésique chez des sujets touchés par les attentats de Paris dont ceux du 13/11/15, des attentats de nature terroriste ou des actes de guerre ou de violence ou des actes apparentés. Les résultats définitifs portant sur plus de 300 patients seront obtenus dans moins d’un an.


« Kétamine : un nouvel antidépresseur ? »

Philippe Fossati, PU-PH de psychiatrie, Chef du service de Psychiatrie d’adultes du Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière ; Responsable de l’équipe Neurosciences sociales et affectives à l’ICM-A-IHU, Université Pierre et Marie Curie, Sorbonne Université

Diapositives présentées

Vidéo brève

Classiquement l’amélioration clinique d’un épisode dépressif caractérisé nécessite au moins quatre ou six semaines de traitement avec un médicament antidépresseur. Si les travaux de l’équipe de Guy Goodwin et Catherine Harmer ont permis de décrire des effets neuropsychologiques précoces (augmentation du biais émotionnel positif et réduction du biais émotionnel négatif) des traitements antidépresseurs, ces mécanismes cognitifs sont dissociés des effets thérapeutiques (correction de l’humeur, de l’anhédonie) tardifs. L’observation d’un effet spectaculaire thérapeutique – rémission symptomatique en quelques heures – de l’administration d’une perfusion de Kétamine chez des patients déprimés résistants a bouleversé le champ de la recherche thérapeutique dans la dépression. La Kétamine est un antagoniste des récepteurs NDMA utilisée comme agent analgésique et anesthésiant. Ces effets thérapeutiques dans la dépression résistante ont été confirmés dans de nombreux essais et ont fait l’objet de plusieurs méta-analyses, dont l’une de notre groupe de recherche. La Kétamine peut induire une rémission symptomatique dépressive en quelques heures, effet qui dans certains cas peut persister quelques semaines après administration d’une dose unique. Les facteurs prédicteurs de la réponse ou de la rémission à ce traitement sont nombreux : antécédents familiaux de dépendance alcoolique, anxiété, troubles cognitifs, effets ‘dissociatifs’ du traitement. La kétamine serait également plus intéressante dans la dépression unipolaire que dans la dépression bipolaire. De nombreuses questions demeurent cependant au sujet de ce nouveau traitement : place de la kétamine dans l’algorithme thérapeutique de la dépression ; mécanismes d’action (rôle du système glutamatergique et sérotoninergique) ; effets macroscopiques en imagerie cérébrale fonctionnelle ; risques de dépendance … Au cours de la présentation, j’aborderai ces différents points en dégageant des perspectives futures sur le produit et ses dérivés. Je discuterai également de l’utilité médicale et économique d’un changement de paradigme dans le traitement de la dépression pour le développement ou le repositionnement des thérapeutiques innovantes.

 

« Nouveaux médicaments pour la mucoviscidose »

Isabelle Fajac, Professeur des Universités-Praticien Hospitalier, Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles, Hôpital Cochin, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris

Diapositives présentées

Vidéo brève

La mucoviscidose qui atteint environ 75.000 personnes dans le monde et 7.000 en France, est une maladie autosomique récessive due à des mutations du gène CFTR (cystic fibrosis transmembrane conductance regulator). Ce gène code pour un canal chlorure exprimé au pôle apical de nombreuses cellules épithéliales. Dans sa forme classique, la mucoviscidose associe une insuffisance pancréatique externe et une atteinte respiratoire qui conditionne le pronostic vital. La majorité des traitements actuels de la mucoviscidose sont des traitements symptomatiques visant à améliorer les symptômes et à ralentir l'évolution de la maladie. Cette prise en charge symptomatique a permis d'augmenter de façon importante l'espérance de vie des patients. Mais l'âge moyen au décès reste de 29 ans. Le gène et la protéine défectueuse sont apparus comme de nouvelles cibles thérapeutiques permettant d'agir sur la cause de la maladie. Des molécules innovantes visant à corriger la protéine CFTR elle-même sont en cours de développement. Une première molécule, l'ivacaftor, est commercialisée en France depuis 2012 pour les 3 % de patients porteurs de la mutation rare appelée G551D. L'ivacaftor permet d'améliorer la fonction respiratoire des patients de façon significative et prolongée. D'autres molécules sont en cours d'évaluation qui ciblent d'autres défauts de la protéine CFTR dues à diverses mutations du gène CFTR, dont la mutation la plus fréquente appelée F508del. D'autres approches visant à corriger l'ARN ou l'ADN sont également en développement. Nous ferons un état des lieux de ces différentes approches et de leur développement.


2.3 Ouvrage (10 min)

« Le désastre des toxicomanies en France »

Écrit par Jean Costentin, membre de l’Académie nationale de Pharmacie

Éditeur : DOCIS

ISBN 978-2-855-25081 - 365 pages

présenté par Jean-Pierre Goullé, membre de l’Académie nationale de Pharmacie

 

Séance restreinte
Palmarès Prix Scientifiques et Bourses

Clôture par le Président, Jean-Loup Parier